Colloque pour “les 20 ans du CERLIS”
« Une société d’individus, c’est-à-dire ? »


du 16 au 18 janvier 2019, Amphithéâtre Durkheim, Sorbonne

(cliquez ici pour voir le plan pour y accéder)

A l’occasion de ses vingt années d’existence, le CERLIS a organisé un colloque international qui, au-delà de sa dimension commémorative, a permis de traiter la question exprimée par le titre même : « Une société d’individus, c’est-à-dire ? ». 

« Une société d’individus, c’est-à-dire ? » : dans « Les transformations de l’équilibre ‘nous-je’ » (1991), Norbert Elias affirme que « la structure des sociétés évoluées de notre temps a pour trait caractéristique d’accorder une plus grande valeur à ce par quoi les hommes se différencient les uns des autres, à leur ‘identité du je’, qu’à ce qu’ils ont en commun, leur ‘identité du nous’ ». A ses yeux le terme « individu » exprime ce « primat de l’identité du je ». De cette perspective, on peut déjà en tirer au moins deux conséquences et plusieurs questions. La première conséquence est que le « nous » ne disparaît pas : chaque individu existe à la fois à titre de personne sociale et à titre de personne individuelle. La deuxième conséquence, souvent occultée, est que ce changement d’équilibre ne fait pas disparaître l’action des déterminants sociaux. Parmi les principales questions posées par cette problématisation du « je-nous », citons : quelles sont les conditions sociales qui ont rendu possible cette modification de l’équilibre ? quels sont les effets associés à ce nouvel équilibre ? Un des effets, souligné déjà chez Durkheim, est le risque de la « crise du lien social ». Cette expression exprime l’inquiétude d’une certaine instabilité et d’une certaine faiblesse des relations elles-mêmes, avec la crainte de l’individu replié sur lui-même, à l’écart du collectif.

« Une société d’individus, c’est-à-dire ? » : la question est donc également celle des formes contemporaines des liens sociaux. Le déclin de certaines institutions ne s’explique-t-elle pas le changement qu’ont connu les individus ? A l’inverse, par exemple, la force du mouvement des femmes ne vient-elle pas d’avoir combiné expression collective et affirmation d’un pouvoir sur soi ? L’équilibre entre le « je » et le « nous » est instable par définition : il est lui-même objet de luttes, entre ceux et celles qui veulent renforcer le primat du « je », et ceux et celles qui veulent mettre davantage de « nous ». Le « retour » à la fois du national, du nationalisme, et du religieux désigne une des modalités de ces luttes.

Ce colloque international, qui s’est tenu à la Sorbonne au cours de trois journées, a offert un espace de discussion à ces questions en les déclinant sur les objets au cœur des domaines de spécialisation du CERLIS : jusqu’où la famille s’est-elle individualisée ? Les enfants sont-ils des individus comme les autres ? Comment est-on « individu » dans les classes populaires ? Le récit biographique est-il une illusion ? L’individu : spect-acteur de la culture ? Que fait le numérique à une société d’individus ? Chercheurs du CERLIS et chercheurs invités pour la fertilité de leurs travaux sur ces questions confronteront leurs analyses, leurs enquêtes, leurs méthodes et leurs résultats. Et une session « Posters » permettra aux doctorants du CERLIS de présenter leurs recherches originales.